Le dactyle obtient le rendement le plus élevé au pâturage

 

Par : Louis Bergeron, agronome

Conseiller en gestion au centre de service de Victoriaville

MAPAQ, Direction générale des affaires régionales

http://www.agr.gouv.qc.ca

Pour commentaires : louis.bergeron@agr.gouv.qc.ca

Révisé le 29 mars 2000

 

Un réseau de pâturage de graminées comparant cinq espèces a été implanté en 1996 dans la région Centre-du-Québec. Des cinq graminées à l'étude, le dactyle pelotonné dactylis glomerata a dépassé les quatre autres pour le rendement et la régularité de la croissance tout au long des saisons 1997 et 1998. Les autres graminées étaient la fléole des prés (mil), le brome inerme et le brome des prés, ainsi que la fétuque élevée.

En 1998, le dactyle a atteint un rendement de 10 686 kg de matière sèche à l’hectare en 150 jours et une croissance totale de 253 cm (8,3 pieds). Ces résultats ont été obtenus par la compilation de 11 fauches faites à une hauteur moyenne de 32 cm (13 pouces) dans une cage au pâturage pour en empêcher l’accès par les animaux.

La fléole des prés (mil) a eu un rendement de 8592 kg/ha donc 20% de moins que le dactyle et une croissance de 144 cm (4,7 pieds) en 7 fauches à 29 cm (11 pouces). Les trois autres graminées ont obtenu des rendements comparables à la fléole des prés.

À titre de comparaison, le maïs-fourrager qui lui aussi atteint 250 cm (8 pieds) donne un rendement moyen dans notre localité de 11 000 kg de matière sèche à l’hectare, soit un rendement à peine plus élevé que celui obtenu dans notre parcelle de dactyle en 1998.

  

  1. Une croissance vigoureuse en toute saison
  2. Au printemps, le dactyle démarre plus vite que la fléole. Nous avons mesuré le 13 mai cette année un rendement du dactyle de 729 kg de matière sèche à l’hectare alors que la fléole n’avait atteint que 271 kg à la même date. De plus, en été il est peu sensible à la sécheresse et à la chaleur contrairement à la fléole. En août et septembre, il maintient un taux de croissance élevé, 58 kg de matière sèche/jour en 1998, alors que le taux de croissance des quatre autres graminées a diminué à 38 kg M.S./jour pour cette période.

    Un tel rendement du dactyle s’explique d’une part par un enracinement plus profond que la fléole mais surtout par le fait que les points de croissance du dactyle sont à la base des feuilles donc ne sont jamais broutés ou fauchés. Les feuilles ne cessent donc jamais leur croissance après le broutage. Un jour après la fauche on peut déjà voir une repousse des jeunes feuilles de 2 cm (3/4 pouce) par rapport aux vieilles feuilles fauchées les enveloppant. D’autres graminées telles que la fléole et les bromes perdent leurs points de croissance par le broutage pendant la montaison. Elles doivent alors assurer leur repousse par le démarrage de nouveaux points de croissance sur le plateau de tallage au niveau du sol, ce qui retarde de beaucoup la repousse utile.

  3. Quelques inconvénients
  4. Les défauts du dactyle, puisqu’il en a, sont d’abord sa difficulté d’ensemencement tout comme les bromes. Sa graine étant plus grosse que celle du trèfle il doit être ensemencé seul avec une boîte à brome ou dans la boîte à céréales en mélange avec un peu de céréale et placé à 1,3 cm (1/2 pouce) de profondeur. Il peut aussi être semé au semoir Brillion. On l’établit avec du trèfle ladino mais sans autres graminées parce que sa croissance étant plus rapide, il apparaîtrait dans le pâturage comme des touffes à travers les autres graminées et est moins bien consommé. Le dactyle a aussi un tel taux de croissance qu’on le voit pâlir comparé aux autres graminées si la fertilisation azotée est insuffisante. Il faut donc prévoir une application de 35 kg/ha d’azote à toutes les six semaines, soit trois applications pour la saison. Ensuite le dactyle perd beaucoup de son appétence lorsqu’il dépasse 25 cm. Il doit donc être absolument brouté à tous les 6 à 10 jours si on veut conserver une bonne consommation par les animaux. Enfin tout comme la luzerne, il supporte mal le mauvais drainage et l’englacement en hiver occasionné par un mauvais égouttement de surface. On peut néanmoins réparer une parcelle au printemps par resemis suite à un léger hersage ou avec un semoir à semis direct sans hersage puisque le dactyle s’implante rapidement.

     

  5. Pour une gestion optimale

Un bon pâturage de dactyle peut supporter jusqu’à 5 bovins adultes à l’hectare (2/acre) ce qui souillera beaucoup les parcelles par les déjections. On peut donc aménager le double de la superficie nécessaire et ainsi alterner la paissance et la récolte en foin ou ensilage. À la mi-juillet on retirera les animaux des parcelles pâturées pour faire une ou deux coupes de foin en août et septembre. On les enverra alors dans des parcelles fraîches qui auront eu deux coupes de foin en juin et juillet.